Jean Spinette



Eradiquer les CPAS en Flandre? La Région bruxelloise veut les renforcer

Eradiquer les CPAS en Flandre? La Région bruxelloise veut les renforcer
BELGIQUE
| Mis à jour le mardi 20 janvier 2015 à 16h46

La Flandre veut intégrer la gestion des CPAS dans la gestion communale. Faire disparaitre les conseils de CPAS pour les fusionner avec les conseils communaux. Cette modification de la structure des CPAS est inscrite dans l’accord de gouvernement flamand et doit aboutir pour 2019. Le président des CPAS bruxellois estime au contraire qu’il « faut renforcer ces dispositifs particulièrement sollicités ».

Fusion des CPAS et communes: aussi en Wallonie?
La double gestion des affaires sociales, d’une part, et des affaires administratives et territoriales, de l’autre, dans les communes date de 1796, avant la naissance de la Belgique. Avec ce débat initié depuis quelques années par la Flandre c’est donc un fonctionnement de plus de 200 ans qui pourrait être revu.

Actuellement, les conseils de CPAS sont des organes indépendants de la gestion communale. Ils fonctionnent de manière autonome, peuvent donc définir une politique sociale, accepter tel ou tel dossier individuel de demande d’aide sociale. Le tout étant financé avec des deniers de la commune.

La ministre des Affaires intérieures flamandes, l’ex présidente du CPAS d’Anvers Liesbeth Homans veut mettre fin à ce dédoublement. L’idée est d’éviter les conflits éventuels entre les conseils communaux et les conseils de CPAS. De simplifier la structure pour plus d’efficacité.

Mais cette décision de fusion en Flandre a ses détracteurs. La double gestion permet au conseil de CPAS de prendre des décisions en toute indépendance, loin des discussions plus politisées des conseils communaux.

Un rapprochement des CPAS et des communes sur base volontaire est à l’étude également en Wallonie. Ce rapprochement volontaire est en tout cas inscrit dans la déclaration de politique régionale.

Bruxelles : renforcer les CPAS

Du côté bruxellois, l’accord de gouvernement prévoit plutôt de mettre les CPAS au centre des dispositifs de lutte contre la pauvreté et de renforcer leurs moyens. La décision de la Flandre fait donc réagir Jean Spinette, président du CPAS de St-Gilles et qui préside aussi l’assemblée des CPAS bruxellois. Selon lui, il s’agit plutôt d’un choix idéologique : « C’est déjà en tant que tel un geste assez particulier, dans le contexte de crise que l’on connait aujourd’hui, de toucher à l’administration qui est le plus orientée pour venir en aide aux publics les plus fragilisés. »

Jean Spinette insiste sur la nécessaire indépendance dont jouissent les CPAS : « Nous fonctionnons à huis clos, certes avec des représentants politiques dans les comités d’action sociale qui ont l’occasion de statuer peut-être éloignés des grandes joutes partisanes, et au contraire d’être directement branchés sur la réalité des gens et les vraies problématiques. C’est vrai qu’on arrive nettement plus facilement à arriver à un consensus sur la nécessité d’accompagner les gens. »

On parle d’économies et de rationalisation mais Jean Spinette tient à rappeler que les CPAS ne sont pas que des guichets d’aide financière. Ce sont « des entreprises d’économie sociale qui mettent en place des projets de formation, d’aide aux personnes, d’insertion socio-professionnelle, d’aide à domicile, qui développent des maisons de repos ou des services de soin de première ligne. Bref, les missions que les CPAS ont pu déployer jusqu’à présent sont énormes et remplissent des services essentiels. Plutôt que de songer à rationaliser, et peut-être à éradiquer les CPAS, je trouve au contraire qu’on devrait songer à renforcer ces dispositifs particulièrement sollicités en ces temps austères » conclut-il.

RTBF
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