Jean Spinette



Les CPAS!

Les CPAS !

Pour vivre heureux vivons cachés dit le proverbe. Sans doute que cet adage va fort bien aux CPAS qui aspirent à travailler à huis clos à l’abri du bruit et de la fureur pour pouvoir traiter de l’intime et des situations sociales avec la discrétion qui s’impose. Nous sommes en effet attachés aux piliers que sont notre déontologie et notre secret professionnel loin de luttes partisanes qui n’auraient pas leur place face aux réalités sociales que nous rencontrons.
Mais aujourd’hui peut-être faut il plus Faire et Faire savoir.

On n’a jamais autant parlé des CPAS que ces derniers temps et on ne cesse de leur envoyer de nouveaux publics, tout en examinant à la loupe les coûts que cela engendre.

Les CPAS se doivent d’être plus pédagogiques sur le travail qu’ils effectuent au quotidien.
Dans le contexte actuel, on dirait que les CPAS s ne se sont pas jusqu’alors préoccupé de bonne gestion, comme si les mots Efficience et Compétence managériale nous étaient inconnus. Et bien oui, il y a de très bons gestionnaires appelés tous les jours à mesurer les moyens mis en œuvre tant humains que matériel.

J’aimerais précisément rendre hommage à ces fonctionnaires gestionnaires, travailleurs sociaux de première ligne, agents d’insertion qui au quotidien doivent relever le grand défi de l’action sociale ; et ce avec des moyens sans cesse contingentés dans un carcan budgétaire plus étroit. Peut-être conviendrait-il d’envisager ces chiffres en termes de valeur humaine ajoutée.
La loi organique de 1976 qui préside à notre fonctionnement était particulièrement généreuse et bien conçue faisant passer les anciennes commissions d’assistance publique vers une aide sociale moderne.

Elle connut des modifications ultérieures en 1993 avec les mesures d’urgence et en 2002 avec la loi sur l’intégration sociale et son action sociale qui telles qu’interprétées par le corps social en font un outil d’action et d’émancipation sociale. Nos travailleurs les ont en effet interprétées, se les sont attribuées pour faire de nos CPAS des institutions publiques de première ligne au service des publics les plus fragilisés et ce au plan local. Ces fameux CPAS dont nous pouvons être fiers, même en dehors de nos frontières peu de pays peuvent se targuer de disposer d’outil de cette qualité : une institution publique locale ayant pour objet social de garantir la dignité humaine un principe inscrit dans notre constitution.

J’ai fait un peu d’archéologie administrative dans les archives d’Albert Eylenbosch, le président historique du CPAS de Saint-Gilles. Il disposait dans sa bibliothèque des précis relatifs au fonctionnement des commissions d’assistance publique et bien…. chers amis, ce serait une régression que de revenir à ces commissions communales.
Discutant avec mon directeur du service social qui termine une longue et remarquable carrière,, il est permis de constater qu’après une phase jubilatoire de construction de l’action sociale contemporaine, on observe ces dernières années une évolution vers la suspicion, le contrôle, la lutte contre la fraude sociale ce qui nous éloigne de notre véritable métier si bien défini par la Loi organique de 1976.

Peut-être est on passé un peu vite à côté de l’étude sur la fraude sociale qui a révélé que celle-ci n’a pas l’ampleur qu’on veut lui prêter. Laisser nous faire notre métier, l’enquête sociale bien menée et une aide adaptée mise en place avec un accompagnement de qualité préviendra bien mieux ces fameux risques de fraude.

Les CPAS coûtent cher nous dit on, c’est ce qu’on peut lire dans le journal l’écho, qui se base sur l’étude produite par Belfius. Le coût par habitant des CPAS serait particulièrement important par tête d’habitant. J’aimerais qu’on rappelle que ce ne sont pas les CPAS qui coûtent chers mais les conséquences de la crise financière, des politiques d’austérité et les transferts de charge. Ce ne sont pas non plus les usagers bénéficiaires finaux qui coûtent chers, ils sont les victimes collatéraless de cette crise, pas sa cause.
Il convient de distinguer les effets des causes c’est toujours important à rappeler. Ne tirez pas sur le pianiste.

Chers amis bourgmestres ne nous voyez pas comme une machine budgétivore, voyez nous plutôt comme votre allié, le bras armé de l’action sociale communale ou une cavalerie légère, un outil souple adaptatif au service de nos concitoyens les plus fragilisés.

J’en appelle à une alliance avec les Bourgmestres pour relever solidairement les défis qui sont les nôtres. Ils doivent pourvoir s’enorgueillir de la qualité de l’accueil et des services rendus aux usagers les plus fragiles de leur territoire.
J’aimerais pour conclure saluer la clairvoyance de la déclaration de politique régionale bruxelloise dans le soutien affirmé qu’elle entend prêter aux CPAS :
« Par ailleurs, les CPAS doivent rester les fers de lance de la politique publique sociale locale et être désignés en tant que coordinateurs du plan de lutte contre la pauvreté. Ce sont en effet les seuls acteurs institutionnels publics qui jouissent de deux qualités originales : ils prodiguent une aide individualisée et de proximité.

Devant faire face à des besoins croissants et très divers, les CPAS doivent être continuellement renforcés afin de rencontrer au mieux les besoins de leurs usagers, pour les sortir réellement de la pauvreté et leur procurer une autonomie sociale et économique.
Pour les renforcer, le Gouvernement encouragera les fusions des compétences concurrentes entre services communaux et ceux du CPAS en supprimant les doubles emplois : services de repas à domicile, activités pour seniors…

Par ailleurs, le Gouvernement mènera la revalorisation de la profession de travailleur social de CPAS, par l’augmentation de leurs barèmes (qui devraient être au moins égaux à ceux appliqués dans les autres Régions) mais aussi un soutien accru à leur formation continuée (nécessaire au bon accomplissement de leurs missions de guidance) et leur supervision (soutien psychologique nécessaire à la gestion adéquate du stress, de certaines formes de violences…).

Il convient également de refinancer les CPAS en soutenant leurs revendications légitimes en visant à ce que l’Etat fédéral augmente progressivement le taux de remboursement des revenus d’intégration et les aides sociales équivalentes ».

Discours prononcé à l’Assemblée générale de la Fédération des CPAS wallons qui s’est tenue, le vendredi 30 janvier 2015 au CPAS de Namur où j’étais invité en qualité de Président du CPAS de Saint-Gilles et de la Conférence des Présidents et Secrétaires des 19 CPAS Bruxellois.

Jean Spinette