Jean Spinette



QUELS SONT LES BESOINS DE NOS AÎNÉS ?

QUELS SONT LES BESOINS DE NOS AÎNÉS ?
155 000 personnes de plus 65 ans vivent dans notre Ville, Région et
Métropole.
« Vieillir est encore le seul moyen qu’on ait trouvé de vivre longtemps »
écrivit Sainte Beuve. Comment vieillit-on aujourd’hui à Bruxelles ?
S’il est irréversible, le vieillissement n’est pas une maladie. Et il ne faut
pas en faire une ! Un accompagnement médical n’attend pas tous celles
et ceux qui atteignent un âge avancé. Au contraire, comme nous l’a
rappelé Olivia Vanmechelen, le bien-être postpose la dépendance aux
soins et un quartier où règne une entraide active protège la population
plus âgée en lui permettant de conserver son autonomie.
Quels sont finalement les besoins de nos aînés ? Quels services leur
offre-t-on ? Ces services sont-ils suffisants et appropriés pour répondre
aux enjeux de l’envol vertigineux de l’espérance de vie et de la vieillesse ? Quels sont les défis auxquels notre Bruxelles doit se préparer pour rencontrer le mieux possible le vieillissement d’une population multiculturelle et pas toujours aisée ?
Après s’être penchée l’année dernière sur la pauvreté infantile, en 2017 la Fédération des CPAS Bruxellois a souhaité consacrer son assemblée générale à ces questions. A l’autre bout de la vie.
Les pouvoirs locaux ont un rôle fondamental à jouer pour garantir la qualité de vie et la participation des personnes âgées.
Certes, des politiques importantes les concernant relèvent des niveaux fédéral et régional (soins de santé, normes et moyens financiers dévolus aux structures d’accueil, etc.). Mais la commune et le CPAS peuvent, et selon nous doivent, soutenir et développer nombre de politiques et actions à effet direct et crucial sur le devenir et la qualité de vie de nos aînés (donc de
nous tous demain).
Les orateurs de notre assemblée générale l’ont dit et répété : soutenir la solidarité et le lien social, que ce soit dans les quartiers ou par les activités de services existant est fondamental. Pour ne pas dire vital. Au coeur de nos villes comme dans toute métropole, l’isolement et la solitude sont un des principaux maux dont souffrent les aînés. Leur désir est de rester vivre dans
leurs murs le plus longtemps possible. D’être autonomes, de « choisir leur indépendance » face aux changements du quotidien liés à leur avancée en âge.
Penser et agir sur la mobilité, les aménagements urbains, l’aménagement et la rénovation des logements, l’accompagnement des personnes en période de grandes chaleurs ou de grand froid, le partenariat avec les associations et la mise en place de réseaux, l’information et l’accessibilité des services, la coordination des soins, l’alimentation,… : les exemples cités dans ce numéro témoignent de la diversité des initiatives qui peuvent être prises à l’échelon local pour garantir à chacun la possibilité de vieillir au mieux, et si possible heureux. Avec une vraie qualité de vie, aussi longue fut-elle.
A Bruxelles, nombre de nos aînés vivent encore à domicile. Toutefois, au regard des deux autres Régions, les Bruxellois âgés résidant en maison de repos sont bien plus nombreux. Ainsi, en 2013, 7,7 % des personnes de 65 ans et plus habitant Bruxelles résidaient dans une maison de repos, contre 5,3 % en Flandre et 6,6 % en Wallonie. Par ailleurs, les personnes âgées
avec une dépendance réputée légère représentent 38,2 % des résidants des maisons de repos bruxelloises. Ce pourcentage est aussi plus élevé qu’en Flandre (23,5 %) et en Wallonie (33,5 %). Est-ce lié au sous-développement ou au morcellement des services d’aide à domicile ? A la rareté des formules de logement alternatif dans notre Région ? A leur coût ? Au manque d’autonomie domestique des hommes vieillissant de l’actuelle génération ? A une insuffisance de l’offre psychiatrique ?
Le devenir de nos aînés pose bien des questions pour l’avenir. Il est urgent de prendre les mesures qui s’imposent pour que tout Bruxellois puisse avancer en âge dans la sérénité, en se sentant entouré et soutenu. Laisser le champ libre aux seules initiatives privées n’est pas une solution. Nous pouvons faire tant de choses qui ont un impact positif sur la vie de nos aînés.
Dans ce domaine comme dans tant d’autres, ne nous en privons pas. Et, surtout, n’en privons pas nos aînés ! Car vieillir, c’est aussi grandir et mûrir.
Jean Spinette et Michel Colson
Coprésidents de la Fédération des CPAS Bruxellois
EDITO du trait d’Union Brulocalis 101, mai-juin 2017