Jean Spinette



Débat « Elections communales 2018 » organisé par le Comité de quartier « Saint-Gilles Midi / South / Zuid »

J’habite en effet le quartier de la rue Emile Féron dans le tronçon entre la rue Théodore Verhaegen et l’avenue du Roi depuis 2011.

Vous avez de manière assez juste mis l’accent sur les thèmes prioritaires que sont
la qualité de vie et l’environnement, la cohésion sociale et la pauvreté et enfin la mobilité.

1. MOBILITÉ

Le statut de notre quartier est évidemment marqué par la Gare du Midi, c’est une évidence, et par le caractère historique de pénétrante (malheureusement) de l’avenue Fonsny pour ceux qui rentrent notamment par Anderlecht sur la petite ceinture.

Ceci a dès lors une influence sur la qualité de vie et la mobilité de notre quartier. Il n’est malheureusement pas possible d’envisager la possibilité d’une île et la mobilité de notre quartier est dépendante des politiques menées par les autres communes, la région bruxelloise mais aussi par les deux autres régions. Il conviendra de travailler à « l’advocacy », pour la défense de nos quartiers sans que cela paraisse être du « NIMBY ». Il s’agit simplement de rappeler que le centre-ville est habité !

La rénovation de la rue de Mérode et plus récemment de la rue Théodore Verhaegen ou encore de la chaussée de Forest ont vocation à améliorer le statut de notre quartier.

Le découpage si particulier de notre quartier en blocs carrés, dans un plan plus régulier que le centre historique en étoile de notre commune, pourrait constituer un atout pour son avenir.

Outre les trois axes évoqués ci-dessus (Verhaegen, Mérode, Chaussée de Forest), qui ont un statut inter-quartier, tous les autres ont un rôle de desserte locale avec une vie de village. Celle-ci pourrait être encore favorisée en développant le partage de voiries et en favorisant par des aménagements la mobilité douce et la limitation de vitesse.
(ex : CAHORS)

On pourrait évoquer ici les propositions de vos membres au sein du groupe de G1060 de travailler sur des « superblocks ». La Liste du Bourgmestre envisage clairement de tester des formules de cette nature.

De manière plus globale, nous souhaitons généraliser des aménagements du type de celui de la rue de Lisbonne, qui est à mes yeux très réussi, avec un fonctionnement en chicane pour permettre le placement d’arbres et casser la ligne continue d’une rangée de voiture (le dispositif est d’ailleurs le fruit d’une implication des habitants pour renforcer encore l’envie de la commune).

On pourrait même aller plus loin et envisager un blocage saisonnier de certaines voiries, ou tronçons de celles-ci, afin de la rendre aux habitants et aux enfants .

Certaines expériences « saisonnières » pourraient, à la demande des habitants, être pérennisées dans tel ou tel aménagement. (EX : QUEBEC)

On entend par ailleurs poursuivre la politique de marquage de « portes » lorsqu’on rentre dans nos quartiers pour indiquer un changement de statut de ces rues. Sans doute un caractère plus marqué doit être donné à celles-ci. De même, le placement çà et là de dispositifs ludiques et interactifs pourrait utilement compléter l’espace public, comme l’exemple du croisement Dethy-Gaillard-Lisbonne avec son banc autour d’un arbre.

(ex : Daix)

Outre le travail sur une rupture de la continuité rectiligne de la voirie, on pourrait envisager de casser la logique dichotomique rue-stationnement-trottoir pour travailler sur un continuum visuel et partagé.
(ex : projet Toulouse)

De même, les écoles du périmètre devraient être accompagnées dans le plan de mobilité pour amener progressivement les parents, certes minoritaires, qui viendraient encore en voiture, à y renoncer, mais aussi en diminuant la pression automobile y compris pour des raisons évidentes de qualité de l’air. Des rangs piétons et cyclistes collectifs pourraient utilement être mis en œuvre.

Des dispositifs ralentisseurs, des passages pour piétons plus marqués, des arbres structurant et non d’alignement et même hors sol si les impétrants ne permettent pas la pleine terre, la continuation de la politique d’implantation de parking à vélo (vélo box et arceaux) et de dispositifs de véhicule partagés.

Enfin ces monuments oubliés que sont les bolards ou « bites » qui protègent nos trottoirs des voitures envahissantes pourraient devenir plus utiles et même pourquoi pas contribuer par leur customisation à un changement de perception du quartier.

2. QUALITE DE VIE ET ENVIRONNEMENT

Dans la droite ligne de la question de la mobilité, j’aborde à présent la question de la qualité de vie et de l’environnement. L’objectif de la réduction de la pression automobile, du développement de l’espace partagé et de la fermeture de nos quartiers à la circulation de transfert sont toutes des mesures qui contribueraient grandement à l’amélioration de notre environnement. Il est clair que la qualité de l’air pour nos enfants s’en trouverait nettement améliorée.

Vous l’aurez compris, je suis attaché à l’usage des arbres comme éléments de l’espace urbain mais aussi à la verdurisation sous toutes ses formes, en voirie et en intérieur d’îlot. Depuis plusieurs années cela fait partie des objectifs que nous nous sommes fixés avec la Liste du Bourgmestre.

La politique volontariste en matière de verdurisation des façades doit être poursuivie. Les pieds d’arbres doivent également devenir, par des actions co-construites avec les habitants, de vrais outils de travail d’appropriation positive de notre espace public. Le récent lancement des « saintgillliculteurs » et de la Cellule de Végétalisation urbaine s’inscrit pleinement dans ce sens. Les bacs à arbres hors sol sont aussi de ce point de vue intéressants parce qu’ils réhaussent le dispositif en permettant éventuellement une assise et protègent en tout cas des néfastes poubelles (cf. aménagement du début de la rue des Villas).

Notre quartier, ces dernières années, a été doté de dispositifs comme la Maison de l’Emploi, les Ateliers du Midi, l’ALE Remue ménages, la nouvelle école de promotion sociale mais aussi le Cemôme (ancien établissement Rodelle), la Maison des Cultures ou le Centre d’entreprise.

Des projets comme le site l’ECAM, l’usine de l’électricité (future épicerie sociale, Point d’appui à côté du CPAS), la recyclerie « VDS » rue de Belgrade, le CUBE ou le futur marché couvert Halle gourmande rue Théodore Verhaegen sont à mes yeux autant d’exemples qui montrent que la commune continue d’investir dans des projets ambitieux et créatifs.

Outre la rénovation de l’espace public, tant la place Bethléem que le Square Jacques Franck, et la réhabilitation du Parc Germeaux témoigne de l’investissement de la commune pour doter notre quartier d’infrastructures de cohésion sociale, de promotion sociale et de soutien. Nous entendons poursuivre des objectifs de verdurisation d’intérieurs d’îlots et d’ouverture d’espaces partagés dans la ville ainsi que des outils de fonctions collectives.

Si l’on songe à la présence de Smart, de Coopcity ou de la Tricoterie en ce qui concerne les opérateurs privés non marchands d’ampleur, notre quartier ne manque dès lors pas d’atouts.

Nous entendons par ailleurs veiller au développement commercial, signe de la revitalisation du quartier, en poursuivant un objectif de diversification, de qualité et d’adéquation aux besoins des habitants (en lien avec le guichet d’économie locale et HUB).

De même, le dossier de la Gare du Midi bouge enfin, notamment sous les feux croisés de la commune et du comité d’habitants avec une pétition loin d’être anecdotique. Il s’agira d’utiliser le levier de l’occupation provisoire du tri postal ou des bâtiments annexes pour implanter des activités de nature à mobiliser de nouvelles dynamiques interagissant davantage avec le quartier.

Il conviendra d’être particulièrement vigilant dans les projets d’évolution de la Gare du Midi . Le schéma directeur comporte de nombreux enjeux directs pour notre quartier sur notamment les gabarits des constructions nouvelles, le concept de gare habitante et la réalité de ce concept, la notion de skyline bas, le concept de planète alimentaire, le quadrilatère , la rue couverte,…

3. COHÉSION SOCIALE ET LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ

Il est clair qu’une grande part de la population de notre quartier connaît une situation socio-économique difficile voire de grande pauvreté. Non seulement parce que nous avons une forte concentration de logements sociaux (Foyer saint-gillois, Fonds du logement). Aussi parce que les logements situés dans des bâtis parfois très anciens sont encore plus ou moins accessibles financièrement mais ne répondent plus aux critères de qualité de vie que serait en droit d’espérer leurs habitants. Un travail doit résolument être poursuivi en lien avec les propriétaires pour améliorer la situation concrète des locataires.

Un vrai travail d’accompagnement est sans cesse nécessaire auprès des jeunes, des demandeurs d’emploi ou de formation, des personnes âgées, en matière d’accès à l’information et aux ressources. Nous entendons poursuivre nos politique en la matière avec une réelle attention au non recours et à un accès bas seuils aux dispositifs.

Je suis, avec mes équipes et les membres de la coordination sociales, en train de monter une épreuve pilote d’un Point d’Appui qui mobilise les ressources publiques, associatives mais aussi citoyennes (futur coin du CPAS et actuellement coin Bosnie-Féron). Un travail de rénovation de la Maison de la Solidarité et du Resto du Cœur ainsi que la mise en place définitive de l’Épicerie sociale (projet pilote rue Crickx) sont autant d’objectifs à mettre en œuvre. Ces projets font l’objet d’une co-construction au sein de la coordination sociale réunissant des travailleurs de terrain, des services de première ligne, des associations et je l’espère plus de citoyens. Une enquête a été menée dans le quartier centré (axé) sur la rue de Bosnie pour faire un inventaire des besoins. Un enrichissement de nos antennes de quartiers avec les ressources des acteurs d’un quartier est fertile.

Quant aux problématiques de grande pauvreté et d’errance urbaine aux alentours de la Gare du Midi, le CPAS et sa coordination sociale proposent conseils, orientation et accompagnement aux publics concernés grâce à un travail de terrain et de l’ombre mené par les éducateurs de rue, les assistants sociaux de rue et de nombreux opérateurs spécialisés de terrain.

Pour terminer sur une note plus joyeuse, il est permis de rêver en faisant un inventaire des ressources de notre quartier, à l’instar de « l’analyse partagée » prévue dans le décret des centres culturels.

Notre quartier pourrait utilement mobiliser ses propres ressources, ses lieux hybrides de créations, ses entreprises, sa vie associative, sa dynamique citoyenne en s’appuyant sur la commune qui doit, à ce titre, devenir partenaire et soutien de nouvelles énergies.

Un vrai travail doit être opéré pour fédérer cette énergie nouvelle tout en y associant les besoins des publics plus fragilisés. Il existe une dynamique culturelle, et entrepreneuriale qu’il faut soutenir et faire fructifier.

La commune pourrait utilement, à côté des investissements en infrastructures et en équipements, accomplir un travail de mise en valeur et de mise en réseaux de ces énergies pour faire sens ensemble et montrer le vrai visage du quartier près de la Gare Midi sur sa rive saint-gilloise, la rive gauche.

Pour la cohésion sociale, il serait intéressant, à l’instar de ce que nous avons connu par le passé dans d’autres quartiers, de soutenir des initiatives de fêtes de quartier. Celles-ci, loin d’être anecdotiques, ont contribué à la convivialité de Saint-Gilles. La commune doit travailler à améliorer le soutien à des initiatives de fête de quartier (organisation du prêt de matériel, réductions des délais d’autorisation, simplification administrative en tenant compte des contraintes opérationnelles, logistiques et financières). La fête de la place Bethléem qui a aujourd’hui plus de 10 ans a travaillé à changer la perception du quartier par ses habitants en montrant la richesse de sa diversité et l’importance du brassage. Il s’agit aujourd’hui, au-delà de l’associatif, de mobiliser et soutenir les initiatives citoyennes qui s’inscrivent dans le vivre ensemble à Saint-Gilles.